lundi 17 octobre 2016

Quelques jours au Centre Handri #2



Deuxième jour au Centre Handri, l'après-midi


Aujourd'hui, j'ai mangé un yaourt. Mon seul yaourt du voyage. Pendant longtemps, j'en ai mangé un chaque matin. Mais à Madagascar, un yaourt, ce n'est pas rien ! D'abord, parce qu'il n'y a plus de produits Tiko : l'ancien président, Marc Ravalomanana avait inondé le marché, mais il a été exproprié de ses entreprises après le coup d'état de 2009. Ensuite, parce qu'on trouve facilement des yaourts faits maison... avec mon estomac de vasaha, c'est une expérience que je n'ai pas osé tenter. Les yaourts sont faits dans des boîtes plastiques lavées à l'eau, et l'eau n'est pas toujours potable. La fermentation se fait en mettant les boîtes au soleil toute la journée. Les yaourts sont ensuite stockés dans des glacières ou des frigos, mais il y des délestages fréquents, même à Tana...


Ce jeudi après-midi, il fait beau, je suis au Centre avec Rachelle et Vanessa. Hanta et Bertrand ont des obligations familiales en ville, les autres internes sont à l'école ou dans leurs familles pour les vacances. Rachelle est étudiante en droit par correspondance, elle est donc à la maison la plupart du temps. Vanessa, elle, est en vacances, mais n'a pas de famille. Elle vit donc en permanence au Centre.
Les deux demoiselles ont pour mission de s'occuper de moi et de travailler leur français !
Rachelle et moi nous installons à l'une des tables dans la salle d'étude pendant que Vanessa regarde des dessins animés sur Youtube. Je dois aider Rachelle à rédiger un devoir en droit des assurances... Son principal problème, m'explique-t-elle, est en méthodologie. Ça tombe bien : je ne connais rien en droit, et mes connaissances en assurance sont celles d'une assurée lambda, qui appelle la MAIF une fois tous les 5 ans ! Nous passons ensuite à une analyse de textes sur la fiscalité des entreprises publiques... Heureusement je sais construire une dissertation, on arrive donc à s'en sortir, après deux heures de travail intense. 


Comme l'ordinateur est allumé, je propose de montrer aux filles la ville où j'habite : nous regardons des photos de Saint Nazaire. Les chantiers navals, avec les paquebots en construction les laissent pantoises...
Il est temps de se faire une balade dans le quartier si nous voulons profiter du soleil. C'est l'inconvénient des voyages à Mada en juillet, le soleil se couche à 17h30. Nous nous promenons, passons devant les écoles des enfants : l'une d'elles s'appelle Les Nounours ! Je reconnais certains lieux, une église, le marché, la place principale, terminus des bus à Itaosy Cité. C'est une sensation agréable, l'impression d'être un peu chez moi, aussi. Ici, j'ai mes repères, j'ai eu des habitudes. La rue est animée, il y a des gargotes, des marchands, des boutiques. Je propose aux filles de leur offrir un goûter, pour profiter encore de ce moment partagé, et les laisse choisir ce qu'elles veulent manger. Je les vois échanger des regards, les yeux de Vanessa pétillent : « un yaourt  », chuchotent-elles !
Aucune pensée pour la chaîne du froid, je savoure : Socolait, saveur vanille !


Quelques jours au Centre Handri #1

Premier jour au centre Handri, juillet 2016


Je suis arrivée cette nuit à Madagascar, Bertrand vient me chercher à la chambre d'hôte. J'ai prévu de passer 3 jours au centre, pour commencer ce voyage. Il fait beau, mais froid, c'est l'hiver austral. Je rajoute une polaire sur mon gilet : tant pis pour l'élégance, le froid des Hauts Plateaux est vif. Je suis contente d'être arrivée, les retrouvailles avec Hanta et Bertrand sont chaleureuses. Avec les filles présentes, il y a plus de gêne, de retenue, nous ne nous connaissons pas si bien que ça ! Hanta m'entraîne dans une visite du lieu, pour que je découvre les évolutions... et en trois ans, il y en a !!!


A l'étage de la grande maison d'abord, une nouvelle pièce a été construite, car le toit terrasse avait des fuites : c'est là que les futurs bacheliers révisent, mais dans l'avenir, ce sera une salle de sport : il faut que les enfants soient en bonne condition physique … Derrière la maison, ensuite, un château d'eau a été installé : il s'agit d'une tour, sur laquelle sont disposées deux énormes cuves. Apparemment, c'est leur poids, conséquent, qui aurait abîmé le toit terrasse. Tout cela est relié au puits, grâce à la pompe financée par les Niortais : les maisons ont à nouveau l'eau courante.

Nous allons ensuite voir l'avancée des travaux dans la maison des enfants, qui elle a été financée par la course des héros. Devant la porte, un employé peint en jaune le mobilier pour les petits : tables, chaises fabriquées maison... A l'intérieur, un pigeon s'envole, quelques planches traînent au sol, mais les travaux semblent bien avancer. L'objectif est de finir le mobilier très rapidement, pour un emménagement en septembre. Ce seront finalement les nounous et les bébés qui seront dans cette maison, et les filles internes intégreront ce qui était jusqu'à présent la maison des bébés. Elles auront bien plus de place que dans les chambres où elles sont en ce moment. Et les garçons internes, moins nombreux, prendront leur place dans la grande maison. Trente personnes, cela nécessite un peu d'organisation !!


Le poulailler est toujours en service : les poules pondeuses assurent une petite rentrée d'argent au centre. Dans ce qui fut une étable sont installées les cailles. Il y a aussi une couveuse dans le salon, pour les cailles nouvellement écloses. La mère d'enfants parrainés intervient d'ailleurs dans cet élevage, ce qui lui permet d'avoir un revenu régulier. Plus loin, quelques canards s'ébattent dans une fosse. La production de foie gras était trop compliquée à mettre en œuvre, ce projet a donc été abandonné.

Nous allons ensuite rendre visite aux bébés et aux nounous : c'est, pour moi, un moment toujours émouvant. Les nounous parlent peu français, et ma connaissance du malgache est encore plus lacunaire. Nous nous sourions, sans savoir que dire. Et viennent, naturellement, les jeux, les câlins, les chansons... je passe un chouette beau moment.


Des bruits dans la cour, les grandes reviennent du lycée ou de leur école. Je retrouve Linda, Rojo, Hortense, Génie. Papote avec elles dans la cuisine, pendant la préparation du repas. Linda et Rachelle, très à l'aise en français, assurent la traduction quand c'est nécessaire.
Ce premier repas est ensuite l'occasion d'échanger des nouvelles : les familles, les amis, l'association, les projets du centre... Demain, c'est dit, nous travaillons sur le dossier parrainage et sur la venue d'Hanta et Bertrand en France.


Pour l'heure, je m'incruste dans la chambre des demoiselles... Hanta se joint à moi, et incite les filles à profiter de ma présence pour s'améliorer en français. J'ai l'âge d'être leur mère, seules Linda et Rachelle me connaissent bien. Pour les autres, c'est l'angoisse, elles sont tout intimidées ! Nous instaurons un tour de chambrée, où chacune se présente, me dit quelles sont ses études. C'est trop académique pour moi, et nous partons dans une conversation beaucoup plus spontanée où il est question de réseaux sociaux, de photos, de protection de la vie privée, d'amis réels et virtuels... Les préoccupations des jeunes sont les mêmes, finalement, ici et là-bas !

Avant d'arriver au centre, j'ai vu la misère dans les rues, les militaires en faction, tous les 30 mètres, sur la route de la digue, j'ai senti les pots d'échappement dans les embouteillages monstres de Tana, j'ai mangé une nourriture excellente mais au goût prononcé, j'ai entendu une langue que j'adore mais que je ne comprends pas, j'ai touché la joue de ces bébés qui ne demandent qu'à être câlinés. Mes sens n'en peuvent plus d'être tant sollicités. Je suis épuisée, je vais me coucher...

vendredi 20 mai 2016

Solidarité avec le Centre Handri au collège de Trignac


Jeudi 28 avril, fin de journée ensoleillée : les plantes, les boutures, les graines côtoient l'artisanat malgache au collège Julien Lambot de Trignac. Derrière les bâtiments, on aperçoit les grues et les ponts des chantiers navals de Saint Nazaire.
Pour la 3ème année, le collège organise un troc plantes / troc graines dans le cadre de son projet d'éducation au développement durable, et propose aux Amis d'Handri d'y participer en vendant de l'artisanat, ramené de nos voyages. Cette année, nous avons récolté 315 € à cette occasion.
Par ailleurs, Céline Gillet, présidente du FSE a remis à Jean-Claude, président des Amis d'Handri un chèque de 320€ : il s'agit des sommes versées par les familles lors de l'achat du pack de fournitures scolaires. Il est en effet proposé à chaque famille de donner 2€ pour participer à une action de solidarité internationale. Nous expliquons que le centre Handri permet la scolarisation d'enfants venant de familles démunies, et que l'accès à l'école est une des voies du développement pour un pays. Nous expliquons que les sommes récoltées servent, entre autres, à l'achat de fournitures scolaires et à payer les frais de scolarité.
Le collège de Trignac est en Réseau d'éducation prioritaire : ici, on ne roule pas sur l'or. Ces gestes de solidarité ont encore plus de poids !



Merci à Ségolène, Laurence, Céline, pour leur soutien, à Mme Tessier, Principale de l'établissement, à tous les élèves du club Génération Planète, et à tous ceux qui, par leur contribution, participent à nos projets.
Pour donner plus de vie encore à ce lien entre les élèves du collège et les enfants du centre Handri, nous prévoyons, d'ors et déjà, une rencontre avec Hanta et Bertrand, s'ils viennent en France à l'automne prochain : ils seront accueillis avec beaucoup d'impatience, de plaisir et de questions !!


Cécile

mardi 17 mai 2016

Retour de voyage : un Noël au Centre Handri, par Samy

24 décembre 2015. L'heure est à la fête. C'est la veille de Noël et l'effervescence règne parmi les enfants. En fin de matinée, 4 jeunes de l'œuvre de charité « Leo club » de Tana sont venus offrir des bonbons et des jouets (ballons, pistolets à eau, poupées, etc.) aux enfants. Je discute un peu avec l'un d'entre eux qui m'explique que de temps en temps, ils s'investissent dans l’œuvre de charité. Nous nous retrouvons donc dans la chambre des enfants qui seront adoptés pour la distribution de bonbons et les photos. Nous passons un bon moment à rire et nous amuser.


Puis, pendant que les derniers enfants se préparent, on installe le sapin de Noël ramené la veille de notre passage à Moramanga pendant nos vacances. Après plusieurs tentatives pour le faire tenir droit, on peut enfin le décorer, juste à temps avant que les premiers enfants du centre n'arrivent. Boules de Noël, guirlandes, banderoles, bonbons, guirlandes électriques kitch, tout y est. Pendant ce temps-là, on met les petits plats dans les grands pour accueillir une grande majorité des enfants qui sont parrainés dans le centre. 


Une fois les enfants arrivés, Hanta et Bertrand commencent par des discours en malgache sur l'intérêt du centre, de l'association sur l'importance de réussir scolairement. Il faut dire qu'ils placent beaucoup d'espoir dans la réussite scolaire. Les enfants écoutent dans un silence religieux, que seuls les pleurs des bébés viennent déranger. Après deux chants chrétiens, c'est enfin l'heure des cadeaux, l'atmosphère se détend, la bonne humeur et les rires remplacent les mines sérieuses. D'abord sont donnés les cadeaux du centre, puis des parrains, et enfin un jeux de questions-réponses est animées par Hanta où les enfants peuvent gagner des jouets. Plutôt que jouer le rôle de père noël blanc dans lequel je ne me sentais pas à l'aise, je fais office de photographe pour immortaliser la journée.

C'est aussi l'occasion pour moi d'échanger un peu avec les enfants qui ne vivent pas au centre et que je vois pour la première fois depuis mon arrivée à Madagascar. On essaye de discuter de mon voyage, de leurs études, de tout et de rien. Mais le temps passe vite et ils doivent rapidement rentrer chez eux, pendant que l'on se prépare pour la messe de minuit de ce soir.


Avant de partir, la mère de deux enfants du centre, venue de loin pour revoir ses enfants, tient à me remercier chaleureusement pour l'aide que je leur apporte en français.
Après un peu de retard, nous partons pour la messe très connue à Tana du père Pedro. Quand on arrive, les rues sont déjà bondées tandis que la messe a commencé non pas à l'intérieur d'une église mais d'une salle de sport. On s'installe dans les gradins alors que la messe a déjà commencé depuis un moment. Celle-ci est très différente de celle qui peut être faite en France. Le prêtre parle en
malgache, on chante des chants enjoué en frappant dans les mains avec un accompagnement synthé-guitare-basse-batterie. Des sœurs se mettent à danser dans une ambiance plutôt déconcertante pour un français. La salle est ornée de nombreuses décoration et est remplie de personnes, assises dans les gradins ou à même le sol. La messe se termine alors que cela fait à peine une heure que nous sommes arrivés.


Nous repartons de bonne humeur après ce moment agréable, une quinzaine d'enfant du centre entassées dans le minibus, à chanter de la musique malgache et française.



Retour de voyage : l'expérience de Samy

Pendant tout le mois de décembre, j'ai bousculé mon quotidien pour partager celui du centre HANDRI. Par le biais de l'association « Les amis d'Handri », je suis parti en vacances dans le but également d'aider les enfants du centre à améliorer leur français.

Au rôle de professeur, j'y ai rapidement préféré celui d'ami, pour franchir les distances sociales que sont la couleur de peau, la nationalité, la langue, les préjugés. Passée la timidité de l'étranger, les discussions se sont faites d'échanges et de rires, sur des sujets divers et variés tels que la religion, le mariage, la jeunesse, l'amour ou le bonheur. Tous ces sujets, témoins de nos préoccupations d'adolescents et de jeunes adultes, nous ont permis de comparer nos quotidiens français et malgaches. Ces discussions ont aussi pu aider les enfants à parler un français courant. Aujourd'hui, grâce à internet, cet espace d'échanges est toujours ouvert pour notre génération. Même après quelques mois de retour en France, on continue de discuter ensemble et les sourires restent intactes.

Ce voyage m'a permis de me révéler un goût fort pour les voyages et de découvrir l'Afrique, sa pauvreté à tous les coins de rue, mais aussi la chaleur fraternel de ses habitants. C'est avec impatience que je compte repartir loin de Nantes.

Je remercie les amis d'Handri et le centre Handri de m'avoir offert la possibilité de faire ce merveilleux voyage.

jeudi 17 mars 2016

Semaine de la Francophonie en région Nantaise

Sa 19 mars à 17h45  Dans le cadre de "Nantes en Francophonie", Hetsika en partenariat avec Casa Africa présente en exclusivité à Nantes le dernier film du jeune réalisateur Fifaliana Nantenaina , "Anay ny Lalana" avec en bonus le film d'animation "Le Pain" du même auteur. 
 - « Dadakoto, pourquoi tu dis souvent « Anay ny lalana » ?
- «C’est un jeu en fait », me répond cet homme qui semble être resté un enfant malgré son grand âge. En travaillant, il joue parfois mais en travaillant il vit surtout.

 Venez nombreux !
 
 entrée libre 
 www.endemikafilms.com / www.hetsika.fr
 
Cité des Congrès , 5 rue de Valmy,  44000 Nantes

Egalement : des jeux, une dictée, des rencontres, des lectures...
Pour en savoir plus : http://hetsika.blogspot.fr/

dimanche 10 janvier 2016

Voanjobory, pois de terre, pois bambara, késako ?

C'est, comme son nom l'indique, un pois qui pousse dans la terre. Et oui, comme l'arachide, et pas du tout comme nos mojettes vendéennes !

C'est un aliment très courant dans la cuisine malgache, en général cuisiné avec du porc, et c'est excellent !

Sur le terrain près de Moramanga, où nos amis développent leur projet agricole, c'est pour l'instant la principale culture, qui doit leur permettre des rentrées de fonds assurant la viabilité du projet, car les litchis et le ravintsara ne sont pas productifs immédiatement. Trois hectares sont déjà plantés, et bientôt deux hectares le seront.

Sachez qu'il est possible d'en goûter en France : vous en trouverez dans les épiceries africaines ou exotiques, et pourrez ainsi mieux saisir de quoi il s'agit !!!

Voici un lien pour vos aventures culinaires : http://suismoiencuisine.canalblog.com/archives/2013/04/24/26993091.html
Bonne dégustation...



Projet agricole, l'avancée des travaux

En germe depuis longtemps, le projet agricole porté par le Centre Handri démarre enfin en 2015 !

Deux maisons d'habitation ont été construites pour les familles de paysans, ainsi qu'un hangar et deux puits.
Le motoculteur est aussi arrivé, avec tout son équipement : les cultures peuvent donc commencer ! Et ce sont donc plus de quatre hectares qui ont déjà été plantés : 3 hectares de pois de terre, un de riz, et quelques cultures de subsistance pour les agriculteurs (brèdes, maïs, manioc, patates ou gingembre, plus quelques courges, à l'essai).

L'objectif, avant l’arrivée de la saison sèche est de cultiver 02 ha de plus en pois de terre, et planter les 500 pieds de litchis et les 500 pieds de ravintsara...

Difficile encore de tirer un bilan de ces premières plantations, mais Hanta et Bertrand nous disent déjà que, si a priori le pois de terre convient bien au sol, la récolte en riz n'est pas fabuleuse.

En 2016, les travaux continuent, avec comme objectif, outre la poursuite des plantations, la construction de la troisième maison, un séchoir, un hangar de stockage, et surtout la réalisation d'un pare-feu de 20 mètres, pour se garantir des feux de brousse.

Nous souhaitons à nos amis malgaches la réussite dans ce projet, dont l'objectif est de favoriser leur autonomie.