lundi 27 mars 2017

Quelques jours au centre Handri #4




Au début de l'été, les uns et les autres, nous étions passés au centre, avions partagé des moments avec les internes et Hanta et Bertrand. Nous étions aussi arrivés avec plus de 40 kg de vêtements pour les enfants, des courriers, des cadeaux. Hanta a donc organisé un après-midi pour que nous rencontrions tous les enfants, début août. Tous, ou presque, se sont déplacés, certains venant de plusieurs dizaines de kilomètres, avec leur mère.
Dans le bureau,  une dizaine d'enfants sont déjà présents : on se présente, on se salue. Certains enfants sont encore très jeunes, et parlent peu français. J'essaie de retenir les prénoms, et le nom des parrains, mais ai du mal à tout retenir... Pendant ce temps, un étrange ballet se joue entre le rez-de-chaussée et l'étage : nous comprenons que là-haut a lieu la répartition des vêtements. Certains ont reçu des cadeaux de leurs parrains et marraines, et Hanta fait en sorte de répartir équitablement ce qui nous a été donné, pour que chacun reparte avec quelque chose.



C'est l'heure, ensuite, de se regrouper dans la grande salle. Les meubles ont été poussés, des chaises sont installées tout autour de la pièce, et la trentaine d'enfants s'installent dans le calme. Les grands s'occupent des petits, les copains s'entassent, deux chaises pour trois, pour être sûrs de rester côte à côte. Hanta prend la parole, pour parler de l'importance du parrainage et pour nous présenter : « c'est qui, elle ? «  «  C'est Cécile, fille de Jean-Claude ! »  répondent en cœur les enfants . « Et elle », désignant Laurence, « comment elle s'appelle ? » « Dessaivre » répondent les mêmes, dans un bel élan... Ça nous fait rire, forcément !
C'est au tour des enfants de se présenter : prénom, âge, classe et école, nom des parrains/ marraines. Celui qui hésite se fait rabrouer... Bertrand revient sur l'importance du travail scolaire, et explique que, si chacun peut connaître des difficultés à l'école, il est possible de doubler une classe, mais pas de tripler. C'est un motif d'exclusion du centre et du parrainage.
A notre tour de prendre la parole, au nom de l'association : je dis, pour nous, le plaisir de les rencontrer et de les voir en bonne santé, et je félicite celles et ceux qui fièrement nous ont annoncés peu avant les mentions obtenus à leurs examens. Nos enfants, Roméo, Ismaël, Tolotra et Marius, n'en perdent pas une miette : ces enfants ont leur âge, et cela les remue un peu.
Rachelle a préparé une chanson : sa voix tremble un peu, puis s'affirme. Elle chante très bien, si bien, même, que les autres ont refusé de l'accompagner de peur de ne pas être à la hauteur ! Pendant le goûter qui suit, nous prenons le temps de papoter avec les uns et les autres, Dimby, en particulier, qui est un grand ado, et que nous avons connu petit garçon... Nos gars, eux, sont partis faire de la balançoire avec Ernica, la plus jeune des enfants parrainés, 4 ans, trop contente d'avoir des grands pour s'occuper d'elle ! Ceux qui n'avaient pas faits de courrier pour les parrains et marraines s'attablent pour rédiger une lettre, avec l'aide des plus grands. Fanja et Roger, qui sont diplômés et ne sont donc plus parrainés semblent toujours être ici comme chez eux. La première, maintenant, travailler dans une pharmacie. Roger, lui, n'a pas encore de travail et donne des cours particuliers en math.

C'est l'heure de la photo de groupe, avant le départ... Quand nous reviendrons, dans quelques années, certains auront fini leurs études et travailleront. Quelques uns seront partis... J'espère que beaucoup seront encore là, car c'est hyper chouette de les voir grandir et construire leurs vies d'adultes.

Bandes dessinées malgaches

Peu de bandes dessinées malgaches sont publiées et disponibles en France : l'Harmattan en a publié quelques unes...



Il y a eu Les mystères de Paris, d'Eugène Sue, feuilleton entraînant les lecteurs dans le Paris populaire du 19e siècle, voici Les mystères de Tana, de Franco Clerc, publiés chez L'Harmattan BD. Le premier tome, La fille volée, nous entraîne, à la suite de Vaness, dans une course poursuite haletante dans les bas fonds de Tana. Vaness, c'est la fille chérie d'un grand patron malgache, puissant, riche, et armé. La naissance de la jeune fille est mystérieuse, et son père la surprotège, pour éviter que ne s'accomplisse une malédiction. Aussi, quand celui-ci part en mission, la jeune fille en profite pour échapper à la surveillance des sbires de son père : elle est alors victime d'un kidnapping... Le trait est vif, c'est sombre, haché, et donne à voir le côté sombre de Madagascar : corruption, sorcellerie, banditisme...
Dans le deuxième tome, Joyeuses retrouvailles, Vaness découvre quelle est son histoire et voit la mort de près. Elle échappe à ses poursuivants et survit, dans un Madagascar luxuriant, mais pas pour autant rassurant.
Certes, cette série est très sombre : elle donne à voir une des réalités de Madagascar et Tana, loin des guides touristiques, ancrée à la fois dans l'actualité et dans les traditions.

Cécile

Franco Clerc, Les mystères de Tana 1 : la fille volée. L'harmattan BD, 9,90€
Franco Clerc, Les mystères de Tana 2 : Joyeuses retrouvailles. L'harmattan BD, 9,90€