lundi 17 octobre 2016

Quelques jours au Centre Handri #1

Premier jour au centre Handri, juillet 2016


Je suis arrivée cette nuit à Madagascar, Bertrand vient me chercher à la chambre d'hôte. J'ai prévu de passer 3 jours au centre, pour commencer ce voyage. Il fait beau, mais froid, c'est l'hiver austral. Je rajoute une polaire sur mon gilet : tant pis pour l'élégance, le froid des Hauts Plateaux est vif. Je suis contente d'être arrivée, les retrouvailles avec Hanta et Bertrand sont chaleureuses. Avec les filles présentes, il y a plus de gêne, de retenue, nous ne nous connaissons pas si bien que ça ! Hanta m'entraîne dans une visite du lieu, pour que je découvre les évolutions... et en trois ans, il y en a !!!


A l'étage de la grande maison d'abord, une nouvelle pièce a été construite, car le toit terrasse avait des fuites : c'est là que les futurs bacheliers révisent, mais dans l'avenir, ce sera une salle de sport : il faut que les enfants soient en bonne condition physique … Derrière la maison, ensuite, un château d'eau a été installé : il s'agit d'une tour, sur laquelle sont disposées deux énormes cuves. Apparemment, c'est leur poids, conséquent, qui aurait abîmé le toit terrasse. Tout cela est relié au puits, grâce à la pompe financée par les Niortais : les maisons ont à nouveau l'eau courante.

Nous allons ensuite voir l'avancée des travaux dans la maison des enfants, qui elle a été financée par la course des héros. Devant la porte, un employé peint en jaune le mobilier pour les petits : tables, chaises fabriquées maison... A l'intérieur, un pigeon s'envole, quelques planches traînent au sol, mais les travaux semblent bien avancer. L'objectif est de finir le mobilier très rapidement, pour un emménagement en septembre. Ce seront finalement les nounous et les bébés qui seront dans cette maison, et les filles internes intégreront ce qui était jusqu'à présent la maison des bébés. Elles auront bien plus de place que dans les chambres où elles sont en ce moment. Et les garçons internes, moins nombreux, prendront leur place dans la grande maison. Trente personnes, cela nécessite un peu d'organisation !!


Le poulailler est toujours en service : les poules pondeuses assurent une petite rentrée d'argent au centre. Dans ce qui fut une étable sont installées les cailles. Il y a aussi une couveuse dans le salon, pour les cailles nouvellement écloses. La mère d'enfants parrainés intervient d'ailleurs dans cet élevage, ce qui lui permet d'avoir un revenu régulier. Plus loin, quelques canards s'ébattent dans une fosse. La production de foie gras était trop compliquée à mettre en œuvre, ce projet a donc été abandonné.

Nous allons ensuite rendre visite aux bébés et aux nounous : c'est, pour moi, un moment toujours émouvant. Les nounous parlent peu français, et ma connaissance du malgache est encore plus lacunaire. Nous nous sourions, sans savoir que dire. Et viennent, naturellement, les jeux, les câlins, les chansons... je passe un chouette beau moment.


Des bruits dans la cour, les grandes reviennent du lycée ou de leur école. Je retrouve Linda, Rojo, Hortense, Génie. Papote avec elles dans la cuisine, pendant la préparation du repas. Linda et Rachelle, très à l'aise en français, assurent la traduction quand c'est nécessaire.
Ce premier repas est ensuite l'occasion d'échanger des nouvelles : les familles, les amis, l'association, les projets du centre... Demain, c'est dit, nous travaillons sur le dossier parrainage et sur la venue d'Hanta et Bertrand en France.


Pour l'heure, je m'incruste dans la chambre des demoiselles... Hanta se joint à moi, et incite les filles à profiter de ma présence pour s'améliorer en français. J'ai l'âge d'être leur mère, seules Linda et Rachelle me connaissent bien. Pour les autres, c'est l'angoisse, elles sont tout intimidées ! Nous instaurons un tour de chambrée, où chacune se présente, me dit quelles sont ses études. C'est trop académique pour moi, et nous partons dans une conversation beaucoup plus spontanée où il est question de réseaux sociaux, de photos, de protection de la vie privée, d'amis réels et virtuels... Les préoccupations des jeunes sont les mêmes, finalement, ici et là-bas !

Avant d'arriver au centre, j'ai vu la misère dans les rues, les militaires en faction, tous les 30 mètres, sur la route de la digue, j'ai senti les pots d'échappement dans les embouteillages monstres de Tana, j'ai mangé une nourriture excellente mais au goût prononcé, j'ai entendu une langue que j'adore mais que je ne comprends pas, j'ai touché la joue de ces bébés qui ne demandent qu'à être câlinés. Mes sens n'en peuvent plus d'être tant sollicités. Je suis épuisée, je vais me coucher...

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