Je suis arrivée cette nuit à Madagascar, Bertrand vient me
chercher à la chambre d'hôte. J'ai prévu de passer 3 jours au
centre, pour commencer ce voyage. Il fait beau, mais froid, c'est
l'hiver austral. Je rajoute une polaire sur mon gilet : tant pis
pour l'élégance, le froid des Hauts Plateaux est vif. Je suis
contente d'être arrivée, les retrouvailles avec Hanta et Bertrand
sont chaleureuses. Avec les filles présentes, il y a plus de gêne,
de retenue, nous ne nous connaissons pas si bien que ça ! Hanta
m'entraîne dans une visite du lieu, pour que je découvre les
évolutions... et en trois ans, il y en a !!!
A l'étage de la grande maison d'abord, une nouvelle pièce a été
construite, car le toit terrasse avait des fuites : c'est là
que les futurs bacheliers révisent, mais dans l'avenir, ce sera une
salle de sport : il faut que les enfants soient en bonne
condition physique … Derrière la maison, ensuite, un château
d'eau a été installé : il s'agit d'une tour, sur laquelle
sont disposées deux énormes cuves. Apparemment, c'est leur poids,
conséquent, qui aurait abîmé le toit terrasse. Tout cela est relié
au puits, grâce à la pompe financée par les Niortais : les
maisons ont à nouveau l'eau courante.
Nous allons ensuite voir l'avancée des travaux dans la maison des
enfants, qui elle a été financée par la course des héros. Devant
la porte, un employé peint en jaune le mobilier pour les petits :
tables, chaises fabriquées maison... A l'intérieur, un pigeon
s'envole, quelques planches traînent au sol, mais les travaux
semblent bien avancer. L'objectif est de finir le mobilier très
rapidement, pour un emménagement en septembre. Ce seront finalement
les nounous et les bébés qui seront dans cette maison, et les
filles internes intégreront ce qui était jusqu'à présent la
maison des bébés. Elles auront bien plus de place que dans les
chambres où elles sont en ce moment. Et les garçons internes, moins
nombreux, prendront leur place dans la grande maison. Trente
personnes, cela nécessite un peu d'organisation !!
Le poulailler est toujours en service : les poules pondeuses
assurent une petite rentrée d'argent au centre. Dans ce qui fut une
étable sont installées les cailles. Il y a aussi une couveuse dans
le salon, pour les cailles nouvellement écloses. La mère d'enfants
parrainés intervient d'ailleurs dans cet élevage, ce qui lui permet
d'avoir un revenu régulier. Plus loin, quelques canards s'ébattent
dans une fosse. La production de foie gras était trop compliquée à
mettre en œuvre, ce projet a donc été abandonné.
Nous allons ensuite rendre visite aux bébés et aux nounous :
c'est, pour moi, un moment toujours émouvant. Les nounous parlent
peu français, et ma connaissance du malgache est encore plus
lacunaire. Nous nous sourions, sans savoir que dire. Et viennent,
naturellement, les jeux, les câlins, les chansons... je passe un
chouette beau moment.
Des bruits dans la cour, les grandes reviennent du lycée ou de
leur école. Je retrouve Linda, Rojo, Hortense, Génie. Papote avec
elles dans la cuisine, pendant la préparation du repas. Linda et
Rachelle, très à l'aise en français, assurent la traduction quand
c'est nécessaire.
Ce premier repas est ensuite l'occasion d'échanger des
nouvelles : les familles, les amis, l'association, les projets
du centre... Demain, c'est dit, nous travaillons sur le dossier
parrainage et sur la venue d'Hanta et Bertrand en France.
Pour l'heure, je m'incruste dans la chambre des demoiselles...
Hanta se joint à moi, et incite les filles à profiter de ma
présence pour s'améliorer en français. J'ai l'âge d'être leur
mère, seules Linda et Rachelle me connaissent bien. Pour les autres,
c'est l'angoisse, elles sont tout intimidées ! Nous instaurons
un tour de chambrée, où chacune se présente, me dit quelles sont
ses études. C'est trop académique pour moi, et nous partons dans
une conversation beaucoup plus spontanée où il est question de
réseaux sociaux, de photos, de protection de la vie privée, d'amis
réels et virtuels... Les préoccupations des jeunes sont les mêmes,
finalement, ici et là-bas !
Avant d'arriver au centre, j'ai vu la misère dans les rues, les
militaires en faction, tous les 30 mètres, sur la route de la digue,
j'ai senti les pots d'échappement dans les embouteillages monstres
de Tana, j'ai mangé une nourriture excellente mais au goût
prononcé, j'ai entendu une langue que j'adore mais que je ne
comprends pas, j'ai touché la joue de ces bébés qui ne demandent
qu'à être câlinés. Mes sens n'en peuvent plus d'être tant
sollicités. Je suis épuisée, je vais me coucher...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un petit mot ? C'est ici...